vendredi 6 septembre 2024

Ecrire des haïkus

  Envie d'écrire des haïkus ?

 

un corbeau posé

sur la branche morte –

crépuscule d’automne 

Bashô

 

             Le haïku, est un poème dépouillé et silencieux. Aucun risque de tapage avec ce peu de mots qui le composent pour restituer l’instant, ordinaire, singulier, éphémère. Le bref poème renvoie avec simplicité l’émotion offerte aux sens.

Au cours de ses nombreuses pérégrinations, Bashô s’est longuement imprégné du spectacle de la nature, dans la succession des saisons. Sa poésie témoigne d’une présence totale au monde : il regarde, écoute, suspend son souffle, se laisse pénétrer par une vision ou une ambiance qui entrelacent le fugitif et l’éternel.

 Avant d’écrire des haïkus, les apprentis poètes doivent longuement s’imprégner des œuvres des maîtres du genre afin d’en saisir peu à peu la méthode et l’esprit. L’almanach poétique leur offre un outil fondamental pour se familiariser avec le mot de saison et ses variations infinies.

Rejoindre un cercle d’apprenants et d’amateurs, placé sous la responsabilité d’un poète chevronné, permet d’être accompagné et de confronter ses essais à ceux des autres personnes du groupe. Ces échanges enrichissants favorisent la progression. Parfois, la rencontre, baptisée « kukaï », est précédée d’une promenade poétique nommée au Japon « ginkô ». Elle se déroule, un carnet et un crayon à la main, dans la nature ou tout lieu susceptible de stimuler l’inspiration (rue, marché, gare, site célèbre…). Les notes prises en cheminant sont peaufinés au retour : les haïkus qui en résultent doivent refléter le plus sincèrement possible les instants vécus au cours de la promenade. Ceux-ci sont ensuite soumis au groupe.

La saison est souvent mentionnée dans les compositions, de manière explicite ou implicite ; mais, de plus en plus, les haïjin ont recours au muki haiku, c’est-à-dire au haïku kigo (« mot de saison »). Il faut surtout observer ce qui advient autour de soi, sans hésiter à noter les détails, même très ordinaires d’apparence. Le haïku naît fréquemment de deux images juxtaposées.  Leur rapprochement provoque un effet de surprise, contribue au jaillissement d’un sens inattendu ou dote le poème d’une dimension supplémentaire. La césure (kireji) est comparée à un pas de côté : elle est souvent matérialisée par un tiret. Le silence, marqué à la lecture, souligne la tension entre une ligne et le reste du poème.

Il arrive qu’un thème soit fixé pour le kukaï : cette contrainte supplémentaire, loin de freiner l’inspiration, joue un rôle d’aiguillon. De même, pour de nombreux haïjin, le rythme des 5-7-5 mores (unités phoniques), en imposant certes un cadre strict, incite plutôt à innover.

Mais, la plupart du temps, l’inspiration surgit inopinément, au beau milieu des occupations les plus banales de la vie quotidienne.

 

les poireaux lavés

sont tout blancs

brrr ! quel froid !

Bashô

 

 

    

 

 


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